Un résumé du discours royal du 20 août 2009

Le discours royal du 20 août 2009 à l’occasion de l’anniversaire de la révolution du roi et du peuple, portait sur une réforme globale et profonde de la justice, dans laquelle Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, a souligné la nécessité de développer des méthodes judiciaires alternatives telles que la médiation, l’arbitrage et la réconciliation, ainsi qu’une réponse au désir urgent des investisseurs de simplifier les procédures administratives et judiciaires. Dans le processus d’investissement, y compris la procédure d’arbitrage et de médiation, et dans un effort pour habiliter le pouvoir judiciaire à suivre le rythme de l’arbitrage, en simplifiant la règle de l’annexe dans la formule exécutive et en reconnaissant les décisions des arbitres qui y sont rendues.

Louange à Dieu. Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses Compagnons. Cher peuple,.
La révolution du Roi et du peuple avait essentiellement pour objet, le recouvrement de l’indépendance du Maroc et l’édification de l’Etat des institutions, fort de la suprématie de la loi et de l’équité de sa justice.
Poursuivant le grand combat engagé pour concrétiser cet ultime dessein, Nous avons jugé opportun de consacrer Notre discours commémoratif du 56ème anniversaire de cette Révolution, à l’amorce de la réforme globale et profonde de la justice, de manière à renforcer les chantiers que Nous conduisons pour que Notre pays entre de plain-pied dans la modernité institutionnelle et réalise ses objectifs de développement.

Depuis que Nous est échue la charge d’assurer la conduite de la nation, Nous avons placé au cœur de Nos préoccupations, la réforme de la justice, une réforme qui procède d’une vision innovante, en rupture avec les accumulations négatives issues des approches unilatérales et partielles.
Aussi, et loin de toute démarche unilatérale, avons-Nous retenu, en la matière, la démarche consultative, participative et inclusive que Nous avions judicieusement suivie pour traiter les grandes questions nationales.
Au lieu de quelques mesures étriquées, Nous avons décidé de mettre au point une réforme substantielle qui ne se limite pas au seul secteur judiciaire, mais qui, par sa consistance et sa globalité, englobe l’ensemble du système de la justice.

A cet égard, Nous tenons à rendre hommage à toutes les institutions, instances et autres acteurs qualifiés qui ont réagi positivement et sincèrement à Notre appel en faveur de consultations élargies, lesquelles ont débouché sur des idées pertinentes, dont Nous nous félicitons également.
Ayant à cœur de continuer sur cette voie, avec la même démarche constructive, Nous comptons mettre en place une instance consultative, pluraliste et représentative, permettant à la justice de s’ouvrir sur son environnement. Il s’agit d’un cadre institutionnel de réflexion et d’échange de savoir-faire, sur les questions ayant trait à la justice, et ce, dans le respect des prérogatives des institutions constitutionnelles, de l’indépendance du pouvoir judiciaire et des attributions des autorités publiques.

La justice représente, à Nos yeux, la clef de voûte pour la concrétisation d’un principe auquel Nous sommes particulièrement attaché, à savoir l’égalité des citoyens devant la loi. Elle constitue le recours et le gage de l’équité, comme facteur de consolidation de la stabilité sociale. Mieux encore, la légitimité même de l’Etat et l’inviolabilité de ses institutions puisent leur force dans celle de la justice qui constitue le fondement même du pouvoir.
Aussi avons-Nous décidé de donner une nouvelle et forte impulsion à la réforme de la justice, suivant une feuille de route claire dans son référentiel, ambitieuse dans ses objectifs, précise dans ses priorités et rigoureuse dans ses mécanismes d’application.

Viennent, en tête de ce référentiel, les constantes de la Nation selon lesquelles la justice est du ressort de la Commanderie des Croyants, et le Roi est le Garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
A cet égard, il importe également de prendre en considération les différentes propositions et recommandations nationales pertinentes, ainsi que les conclusions constructives dégagées du projet du ministère de la justice et des larges consultations initiées par lui. Il en est de même des engagements internationaux souscrits par le Royaume.
Quant aux objectifs visés par cette réforme, il s’agit de consolider la confiance dans une justice efficiente et équitable et d’en conforter la crédibilité, tant il est vrai qu’elle constitue un rempart inexpugnable pour la défense de l’Etat de droit, un fondement essentiel de la sécurité judiciaire et de la bonne gouvernance et un facteur d’impulsion du développement.

L’on doit également veiller à assurer la mise à niveau de ce secteur pour lui permettre d’être au diapason des mutations qui s’opèrent à l’échelle nationale et internationale et de répondre aux exigences de la justice du vingt-et-unième siècle.
Afin de donner corps à ces grands desseins, Nous appelons le gouvernement à élaborer le plan d’une réforme globale et profonde de la justice, un plan intégré et précis, propre à refléter la profondeur stratégique de la réforme.

Ce plan devrait se décliner en six axes majeurs, en l’occurrence :.

– La consolidation des garanties de l’indépendance de la justice,.
– La modernisation de son cadre normatif,.
– La mise à niveau de ses structures et de ses ressources humaines,.
– L’amélioration de l’efficience judiciaire,.
– L’ancrage des règles de moralisation de la justice,.
– La mise en œuvre optimale de la réforme.

Cher peuple,.

Quelle que soit la pertinence des objectifs stratégiques tracés, dont la réalisation s’étale sur le long terme, cela ne devrait pas occulter pour nous le besoin pressant des citoyens de sentir de près, et à brève échéance, l’impact positif direct de la réforme.
A cet effet, Nous donnons Nos Hautes Directives au gouvernement, notamment au ministère de la justice, pour amorcer la mise en œuvre de cette réforme dans six domaines d’action prioritaires.
Premièrement : La consolidation des garanties de l’indépendance de la Justice, en assurant au Conseil supérieur de la Magistrature un statut digne de son rang en tant qu’institution constitutionnelle à part entière.
Il importe, à cet égard, de lui conférer de manière exclusive les attributions nécessaires à la gestion de la carrière des magistrats.

Il s’agit également de revoir le mode d’élection de ses membres pour garantir qu’ils satisfont aux critères de compétence et d’intégrité requises.
Il faudrait aussi y introduire une représentation féminine reflétant adéquatement la place de la femme magistrat dans notre système judiciaire.

Par ailleurs, le fonctionnement du Conseil devrait faire l’objet d’une plus grande rationalisation.
Dans le même cadre de consolidation de l’indépendance de la justice, il convient de procéder à la révision du Statut de la Magistrature dans le sens d’une professionnalisation et d’une responsabilisation accrues et pour une impartialité plus élevée et une meilleure dynamique de promotion professionnelle.
Cette action doit être menée en relation avec l’élaboration d’un Statut du Greffe et la révision du cadre juridique régissant les différentes professions judiciaires.
Deuxièmement : La modernisation du cadre normatif, notamment pour ce qui se rattache aux affaires et aux investissements, ainsi que la garantie des conditions du procès équitable.
Il est, donc, nécessaire d’adopter une nouvelle politique pénale fondée sur la révision et l’adéquation du Code pénal et du Code de procédure pénale.

En outre, et afin de mettre ces deux codes et leurs différents dispositifs au diapason des évolutions en cours, il importe notamment de procéder la création d’un Observatoire national de la criminalité, et ce, en synergie avec la poursuite du processus de mise à niveau des établissements pénitentiaires et de réforme.
Parallèlement, il convient de développer des modes alternatifs de règlement des différends comme la médiation, l’arbitrage et la conciliation, d’appliquer les peines de substitution et de revoir la justice de proximité.
Troisièmement : La mise à niveau des structures judiciaires et administratives : Il s’agit, à cet égard, d’adopter une nouvelle gouvernance de l’administration centrale du ministère de la justice et des tribunaux, sur la base du principe de la déconcentration qui devrait permettre aux responsables judiciaires de disposer des compétences nécessaires à l’exercice de leurs fonctions, y compris le recours à l’inspection périodique et à l’inspection spéciale avec fermeté et impartialité. Il importe aussi d’adopter une carte et une organisation judiciaires rationalisées, répondant aux exigences de la réforme.
Quatrièmement : La mise à niveau des ressources humaines, aux plans formation, performance et évaluation. Il faudrait également veiller à la revalorisation de la situation matérielle des magistrats et du personnel de la justice et attacher au volet social toute l’importance requise, notamment par la mise en place de la Fondation Mohammedia des œuvres sociales des magistrats et des fonctionnaires de la Justice. Ainsi sera illustrée de nouveau la bienveillante et constante sollicitude que Nous réservons à la famille de la justice.
Cinquièmement : L’amélioration de l’efficience judiciaire par la lutte contre les précarités, lenteurs et autres complexités qui handicapent le système judiciaire, et portent préjudice aux justiciables.
Pour cela, il est nécessaire de simplifier les procédures et d’en garantir la transparence, d’améliorer la qualité des jugements et des prestations judiciaires et de faciliter l’accès des justiciables aux différentes juridictions du pays. Il importe aussi d’assurer une diligence accrue dans le traitement des dossiers et une plus grande célérité dans l’exécution des décisions de justice.
Sixièmement : La moralisation de la justice pour la prémunir contre les tentations de corruption et d’abus de pouvoir et lui permettre, à son tour, de contribuer, par les moyens juridiques, à la moralisation de la vie publique.

Cher peuple,.

Pour juger de la pertinence réelle de cette réforme substantielle, il faudra, non seulement en évaluer la teneur, mais juger également de la capacité à en assurer une mise en œuvre optimale et un pilotage efficient. Ce travail doit être mené à deux niveaux.

Au niveau central, Nous réaffirmons que la mise en œuvre et le pilotage de cette réforme incombent au gouvernement, notamment le ministère de la justice. Cette responsabilité doit être assumée selon des programmes précis dans leurs objectifs, leur calendrier et leurs moyens d’exécution, de suivi et d’évaluation.
Au niveau des tribunaux, le succès de la réforme demeure tributaire de la mise en œuvre du principe de la déconcentration et de la disponibilité des compétences nécessaires à cet effet. Aussi, appelons-Nous le Conseil supérieur de la Magistrature à tenir une session spéciale pour proposer des responsables judiciaires aptes à prendre en charge, à l’échelle des tribunaux, la mise en œuvre pratique de cette réforme décisive.
C’est un chantier ardu et de longue haleine, qui exige une mobilisation générale, non seulement au sein de la famille de la justice et de la magistrature, mais aussi parmi les institutions et les forces vives du pays, voire tous les citoyens.

Nous sommes profondément convaincu que la réforme substantielle de la justice est la pierre angulaire sur laquelle reposent la consolidation de la démocratie et l’ancrage des valeurs citoyennes chez les jeunes et les générations montantes dans notre pays.
Aussi, nous attendons-Nous à ce que chacun, animé de l’esprit pérenne de la Révolution du Roi et du Peuple, adhère pleinement à l’effort engagé pour gagner ce pari vital et s’associe à la marche que Nous conduisons afin de doter le Maroc d’une justice globale et forte de ses composantes judiciaire, spatiale et sociale.
Nous demeurerons ainsi fidèles à la mémoire indélébile de Nos vénérés Grand-père et Père, feu Leurs Majestés les Rois Mohammed V et Hassan II, ainsi que des martyrs de la lutte pour la libération et l’unité du pays, que Dieu ait leurs âmes.

“Dieu vous prescrit de restituer les dépôts à leurs propriétaires et de vous montrer équitables quand vous êtes appelés à juger vos semblables. C’est là une noble mission que Dieu vous exhorte à remplir. Dieu entend tout, voit tout. ” Véridique est la parole de Dieu.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh.

Résumé du message royal du 21 octobre 2019

Les travaux de la deuxième session de la Conférence internationale sur la justice, organisée sous le slogan “Justice et investissements, défis et enjeux” , ont commencé le lundi 21 octobre 2019, sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et la séance d’ouverture a été marquée par la transmission du noble message royal aux participants et participants, Cela a été suivi par le ministre d’État chargé des droits de l’homme et des relations avec le Parlement, Mustafa Ramid.

La séance d’ouverture a débuté en présence du ministre de la Justice, Muhammad bin Abdul Qadir, du chef du ministère public, M. Muhammad Abdul Nabawi, et du président délégué du Conseil suprême de l’autorité judiciaire, M. Mustafa Fares, ainsi que de plusieurs personnalités judiciaires, experts et hommes d’affaires samis de différents continents, représentant plus de 70 pays.

Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Excellences, Mesdames, Messieurs les Ministres,

Mesdames, Messieurs les honorables Présidents des Conseils supérieurs de la Magistrature et Présidents des Parquets généraux,

Mesdames, Messieurs,

Il Nous plait de vous adresser ce message à l’occasion de l’ouverture de la Conférence internationale sur la justice, qui tient ici sa deuxième session. Notre Haut Patronage témoigne de l’importance particulière de cette rencontre internationale, devenue un espace d’échange d’idées, de partage d’expériences et de savoir-faire, une plate-forme pour le lancement de nouveaux partenariats, à même de développer le système de justice, de conforter son rôle, d’accroître son efficacité.

Nous vous souhaitons la bienvenue au Royaume du Maroc et saluons la thématique que vous avez retenue pour la présente édition : «Justice et Investissement : défis et enjeux». Ce choix met en évidence la prise de conscience de l’importance que revêt désormais l’investissement, en tant que levier de développement. Il témoigne aussi du rôle crucial qui incombe à la justice pour impulser la croissance économique, en s’attachant notamment à renforcer l’Etat de droit, à garantir la sécurité juridique et judiciaire nécessaire à la réalisation du développement global.

Mesdames, Messieurs,

Pour améliorer le climat des affaires, Nous avons souligné, à maintes reprises, la nécessité d’établir une vision stratégique centrée sur la mise en place d’un environnement favorable à l’investissement, par l’adoption d’un système juridique moderne, cohérent, intégré dans lequel l’entreprise constitue un levier essentiel du développement socio-économique.

A cet effet, Nous avons donné Nos orientations pour que soit accélérée l’adoption de la nouvelle Charte de l’Investissement, et que soient restructurés les Centres régionaux d’Investissement. A cet égard, il convient de mettre fin aux contraintes que ces établissements rencontrent dans l’exercice de leurs mandat, en leur attribuant les prérogatives nécessaires au plein accomplissement de leur mission.

En outre, Nous avons insisté maintes fois sur la nécessité de simplifier les procédures d’investissement et d’améliorer les programmes d’accompagnement des entreprises, pour faciliter leur accès aux financements et former leurs ressources humaines à accroître la productivité.

Mesdames, Messieurs,

La justice est l’une des clés essentielles pour fortifier le climat des affaires, promouvoir la liberté d’entreprendre et protéger l’entreprise. Par conséquent, le système judiciaire est appelé à jouer le rôle fondamental qui est le sien en s’attachant à accompagner cette dynamique, à appréhender la nature des défis posés par la conjoncture économique mondiale, à cerner les spécificités de l’économie nationale.

C’est pour ces raisons que le Royaume du Maroc a adopté un arsenal juridique moderne et structurant afin de développer le monde de la finance et des affaires, d’encourager l’investissement et d’insuffler une dynamique vigoureuse au circuit économique, en soutenant les entreprises nationales, ainsi devenues les leviers du développement économique.

Nous nous référons plus particulièrement à d’importants textes adoptés récemment, comme la version remaniée du Code de commerce, les lois sur les sociétés, la loi sur les garanties mobilières. Il a été, également, question de consolider l’approche qui incite les magistrats à dépasser les limites de leur mandat traditionnel pour remplir des missions à visée économique et sociale. Ainsi, ils sont encouragés à garantir la sécurité et la paix sociale dans l’entreprise, en instaurant, en termes de droits, un équilibre objectif entre employeurs et salariés.

Grâce à cet ensemble de mesures, le Maroc s’affirme, davantage encore, comme un pays crédible et digne de confiance auprès des investisseurs étrangers et des différents acteurs économiques et financiers.

A cet égard, Nous tenons à souligner l’importance des arrêts de principe rendus par la Justice marocaine, notamment par la Cour de Cassation. L’action de cette dernière contribue, en effet, à apporter de la crédibilité, de la stabilité, de la souplesse aux décisions arbitrales étrangères, à renforcer la protection juridique des brevets d’invention et des droits d’auteur.

Dans le cadre de ces réformes législatives qui ont d’ores et déjà généré une dynamique porteuse d’efficacité, Nous engageons le gouvernement à accélérer l’approbation des derniers textes juridiques connexes, à élaborer les documents réglementaires se rapportant aux lois approuvées.

Mesdames, Messieurs,

Au-delà de l’actualisation des législations incitatives en vigueur, la mise en place d’un climat propice à l’investissement requiert des garanties juridiques et économiques susceptibles de renforcer la confiance dans le système judiciaire et d’assurer une sécurité totale aux investisseurs. En conséquence, aux niveaux national, régional et international, il est important de procéder à une uniformisation des normes et des procédures de règlement des litiges liés à l’investissement. Il est également primordial de dépasser les problématiques liées à la compétence des juridictions nationales, en mettant en place un système juridique adapté. Ce dispositif nouveau doit permettre de prévenir les problèmes éventuels et d’endiguer les contentieux, grâce à la création d’organes spécialisés dans la résolution de différends, selon des délais raisonnables. Il doit aussi être en mesure de prendre en considération les spécificités des litiges financiers et d’agir avec diligence, efficacité et souplesse.

A cet égard, dans Notre Discours prononcé en 2009, à l’occasion de la Révolution du Roi et du Peuple, Nous avions déjà souligné la nécessité de développer les modes judiciaires alternatifs, comme la médiation, l’arbitrage, la conciliation. De même, dans Notre Message adressé à la première édition de votre conférence, Nous avions, parmi d’autres orientations, appelé à une institutionnalisation des modes alternatifs de règlement des litiges.

En réponse aux demandes pressantes des investisseurs pour la simplification et l’accélération des procédures administratives et judiciaires, un projet de Code de l’arbitrage et de la médiation conventionnelle se trouve actuellement en attente d’approbation.

Le Royaume, grâce aux efforts déployés en ce sens, attire aujourd’hui de plus en plus d’investissements et progresse par conséquent dans le classement Doing Business 2019.

Nous formons le souhait que notre pays parvienne à améliorer sa position selon l’Indicateur du climat des affaires, et à intégrer les cinquante pays les mieux classés pour la qualité du climat des affaires qui les caractérise.

Mesdames, Messieurs,

Un quart de siècle s’est écoulé depuis que notre pays s’est doté de tribunaux de commerce. Le moment Nous paraît, donc, opportun d’évaluer cette expérience et de lui donner les moyens de se développer, en consolidant ses acquis et en lui ouvrant des perspectives nouvelles, inspirées des expériences les plus réussies dans le monde, comme celle des juridictions des affaires, que certains pays ont mises en place.

En appui à cette orientation, une attention particulière doit être accordée à la formation spécialisée des différentes composantes du système de justice. Le but est d’accroître la capacité des juridictions à rendre, dans des délais raisonnables, des sentences justes et appropriées. A cet égard, il convient de souligner le rôle des Cours Suprêmes dans l’harmonisation de la jurisprudence et l’interprétation de la règle de droit. Saisissons ici l’occasion pour saluer l’action de la Justice Commerciale marocaine, cette instance spécialisée qui compte à son actif d’importantes réalisations.

Dans le même esprit, pour assurer une meilleure diffusion de l’information juridique et judiciaire, Nous recommandons l’utilisation des nouvelles technologies. Nous préconisons aussi le renforcement et la généralisation de la dématérialisation des formalités et procédures juridiques et judiciaires ainsi que le recours aux services de justice à distance. A l’aide de ces outils efficients, le travail judiciaire gagnera en rapidité et en efficacité et sera mieux adapté aux exigences de traitement des éventuels contentieux dans le monde des affaires et de la finance. Tout en veillant à doter ces outils d’un fondement juridique, il convient d’impliquer les différentes composantes du système de justice dans le chantier de transition digitale.

Mesdames, Messieurs,

Pour mettre en place un environnement sûr pour l’investissement, fort de ses assises économique, sociale, administrative et institutionnelle et sensible à la dimension de promotion des droits de l’Homme, nous devons œuvrer davantage à consolider l’Etat de droit, à renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire, à favoriser les occurrences d’anticipation juridique, à donner aux acteurs de la justice une formation de qualité, à moderniser l’administration judiciaire et à renforcer sa gouvernance. Pour ce faire, il importe de mettre en œuvre une approche intégrée. D’une part, elle sera à même d’aborder les affaires liées à l’investissement sous tous les aspects associés aux législations commerciale et bancaire, fiscale et douanière, foncière, notariale et sociale; d’autre part, elle pourra prendre en considération la portée internationale et la composante technologique de la mondialisation des échanges commerciaux, financiers et économiques.

Etant donné la stature éminente des participants à cette conférence qui réunit des ministres, des magistrats, des juristes, des économistes, des personnalités des mondes politique, économique et financier ainsi que des experts et des académiciens, Nous sommes persuadé que cette rencontre constituera une bonne opportunité pour débattre sur les bonnes pratiques, proposer des solutions innovantes et réalistes, mettre au point une approche élaborée. Elle pourra, ainsi, formuler des recommandations et des propositions qui contribueront à enrichir le monde des affaires et de l’investissement, en le dotant d’un contexte favorable et en renforçant son rôle. Les idées ainsi dégagées pourront inspirer tour à tour législateurs, décideurs, chercheurs, ainsi que toute personne sensible à ces questions.

Que Dieu guide vos pas et couronne vos travaux de succès.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi taala wabarakatouh

La médiation et l'arbitrage sont un mécanisme sage

Mot du Président

Les transformations économiques du monde moderne ont fait de la médiation et de l’arbitrage commercial des mécanismes de règlement des différends commerciaux nationaux et internationaux, en raison de leur efficacité, de leur rapidité de diffusion et de la confidentialité de leurs procédures, tout en maintenant des liens commerciaux entre les parties au conflit.

Partant de notre ferme conviction dans la perspective du Royal High que des méthodes judiciaires alternatives, telles que la médiation, l’arbitrage et la réconciliation, doivent être développées et qu’elles contribuent également à l’amélioration du climat des affaires, Le Centre de médiation et d’arbitrage de la Chambre de commerce, d’industrie et de services a été créé pour le Marrakech-Asfei, qui, nous l’espérons, sera un mécanisme efficace et judicieux pour les acteurs économiques, commerciaux et investisseurs..